Résumé des points clés
- Il existe un important manque de connaissances concernant les causes du cancer du poumon non liées au tabagisme.
- La stigmatisation sociale souvent associée à un diagnostic de cancer du poumon — principalement liée à la consommation de tabac — freine les efforts de prévention ainsi que le soutien aux patients.
- L’exposition au radon, deuxième cause du cancer du poumon, demeure alarmante et largement méconnue.
Le radon est la première cause de cancer du poumon chez les personnes qui ne fument pas de tabac et représente une menace sérieuse pour la santé publique à l’échelle du Canada. Il s’agit d’un gaz radioactif incolore et inodore qui se forme naturellement dans le sol et peut s’accumuler à des niveaux dangereux à l’intérieur des bâtiments. L’exposition prolongée au radon est liée à plus de 3 300 décès par cancer du poumon chaque année au Canada, ce qui en fait un risque majeur pour la santé, souvent ignoré.
Les points de vue suivants, exprimés par des professionnels de la santé, soulignent qu’il faut une approche proactive pour prévenir le cancer du poumon causé par le radon : il s’agit d’informer la population canadienne, d’outiller les professionnels de la santé, et de mettre en place des mesures de protection pour atténuer ce danger invisible.
Le risque universel de cancer du poumon et l’importance de la sensibilisation au radon
La Dre Doreen Ezeife, oncologue médicale et professeure à l’Université de Calgary, dénonce une idée fausse répandue : croire que seul le tabagisme est responsable du cancer du poumon. « Toute personne ayant des poumons peut développer un cancer du poumon », affirme-t-elle. « Nous sommes tous à risque. » Elle s’efforce d’améliorer la sensibilisation à toutes les causes du cancer du poumon, y compris le radon, tant dans son enseignement que dans sa pratique médicale. L’exposition au radon est d’ailleurs devenue une préoccupation personnelle pour la Dre Ezeife, qui a récemment découvert un niveau élevé de radon chez elle.
« Le radon dans notre sous-sol est à 150 Bq/m³, donc il faut agir. Nous l’avons appris il y a seulement quelques semaines, et nous n’avons pas encore fait appel à un professionnel en atténuation, mais c’est une priorité », confie-t-elle.
L’exposition prolongée au radon à des concentrations supérieures à 100 Bq/m³ augmente de manière significative le risque de cancer du poumon, soit une hausse de 16 % pour chaque tranche
Grâce à sa vaste expérience clinique dans le traitement du cancer du poumon, la Dre Ezeife a constaté de première main que cette maladie ne fait aucune distinction entre les individus. Ses expériences auprès de patients démontrent que des facteurs environnementaux, comme l’exposition au radon, jouent un rôle important dans le développement du cancer du poumon, ce qui rend la sensibilisation et la prévention essentielles pour tout le monde — peu importe s’ils ont déjà consommé du tabac ou non.
« Je viens tout juste de voir un patient qui n’a jamais fumé, vapoté ou été exposé au tabac, et pourtant, il a développé un cancer du poumon. Le message à retenir, c’est que toute personne ayant des poumons peut être atteinte d’un cancer du poumon. Il faut mettre fin à la stigmatisation voulant que seule la cigarette cause cette maladie. »

Ses rencontres avec des patients ayant développé un cancer du poumon malgré l’absence de facteurs de risque « traditionnels » reconnus soulignent l’urgence d’éliminer la stigmatisation et d’élargir la compréhension publique des causes de cette maladie.
Soins complets et mobilisation communautaire en oncologie
Le Dr Don Morris est le directeur médical de l’établissement du nouveau Centre de cancérologie Arthur J.E. Child, ainsi que directeur médical principal associé de Cancer Care Alberta. Son expérience lui permet d’avoir une perspective nuancée de la prévention du cancer du poumon, qui englobe les soins cliniques, l’éducation et la santé publique. Il reconnaît que bien des gens sont conscients du lien entre le tabagisme et le cancer du poumon, mais il souligne aussi un manque de sensibilisation quant à d’autres facteurs de risque importants, comme l’exposition au radon.
« Je pense que les gens savent que fumer du tabac augmente le risque de cancer du poumon », explique-t-il. « Mais ce sont les incertitudes autour de choses comme le radon… Ce que les gens doivent faire, c’est tester leur maison. »
Le Dr Morris est un ardent défenseur du dépistage proactif du radon. Il rappelle que le risque de cancer du poumon ne concerne pas uniquement les choix individuels de mode de vie, mais peut toucher des familles entières par l’exposition environnementale à l’intérieur des maisons. En mettant l’accent sur les facteurs environnementaux — surtout le radon —, il élargit la discussion sur la prévention du cancer du poumon : il ne s’agit pas seulement d’habitudes personnelles, mais aussi de créer des milieux de vie sécuritaires pour les familles. En testant leur maison et en atténuant les concentrations élevées de radon, les gens peuvent réduire considérablement leur risque à long terme.
Un aspect essentiel du travail du Dr Morris dépasse les traitements : il s’engage à déconstruire la stigmatisation liée au cancer du poumon. Il explique que cette maladie porte encore une perception négative, la majorité du public croyant qu’elle est uniquement causée par la consommation de tabac. « Il existe plusieurs causes de cancer du poumon en plus du tabac, et le radon est la deuxième cause la plus fréquente », affirme-t-il.
Le Dr Morris plaide pour une compréhension élargie des différentes causes du cancer du poumon afin de favoriser l’empathie et le soutien envers tous les patients, peu importe leur parcours ou leurs habitudes. En corrigeant ces idées reçues, il espère améliorer la qualité de vie des patients et inciter davantage de personnes à adopter des mesures préventives contre le radon et les autres causes environnementales du cancer du poumon.
Expertise en dépistage et en prévention du cancer du poumon
Le Dr Alain Tremblay, chercheur, clinicien et responsable médical des programmes de dépistage du cancer du poumon en Alberta, observe que, bien que la plupart des médecins aient entendu parler du radon, beaucoup ne comprennent pas bien les risques qui y sont associés. Grâce à son vaste travail, le Dr Tremblay souligne un manque crucial de compréhension, tant chez le public que chez les professionnels de la santé, à propos de ce gaz silencieux mais mortel.

« Le taux de connaissance chute considérablement dès qu’on entre dans les détails. Il est essentiel, lorsqu’on parle du cancer du poumon, de ne pas ignorer les facteurs secondaires comme le radon, car leur importance risque d’augmenter avec le temps. »
En tant que professeur à l’Université de Calgary, le Dr Tremblay estime que le manque de compréhension professionnelle du radon commence dès la formation médicale. Il croit qu’en intégrant les connaissances sur le radon et d’autres sources environnementales du cancer du poumon dans les programmes d’enseignement médical, les futurs professionnels de la santé seront mieux outillés pour reconnaître et aborder ces risques environnementaux dans la vie de leurs patients.
Le Dr Tremblay souligne également que la sensibilisation au radon doit faire partie intégrante des stratégies globales de prévention du cancer du poumon. Il insiste sur le fait que l’exposition au radon est une question environnementale qui nécessite une action collective, incluant le dépistage et la réduction du radon dans les politiques de santé publique. Des foyers aux écoles, en passant par les milieux de travail, le Dr Tremblay imagine un avenir où le test de radon sera une pratique courante, garantissant des environnements plus sûrs pour tous les Canadiens.
Conclusion
Les perspectives des Drs Ezeife, Morris et Tremblay nous rappellent que la lutte contre le cancer du poumon est complexe. Leur engagement envers la recherche, la prévention et l’éducation communautaire souligne l’importance d’une approche globale. En s’attaquant aux causes environnementales comme l’exposition au radon et en favorisant le dépistage précoce, nous pouvons transformer le discours sur le cancer du poumon.